Chapitre 4 : La présence juste et le processus de la présence Ce qui s’appelle Présence Juste est un protocole d’une pratique bien structurée, apte à déboucher sur l’acquisition de la “pleine présence “. Cette dernière n’est autre que l’attitude (qui devrait être) normale de l’être humain. Cette pratique a permis d’observer les mécanismes de la présence, en particulier au niveau de la conscience. Il y a trois processus successifs et peu à peu simultanés : la concentration, l’attention diffuse et la contemplation.
La concentration
de l’esprit est bien connue, c’est la focalisation de la conscience sur un seul objet, au maximum deux objets. Il s’agit d’un processus volontaire, actif, parfois pénible quand l’objet n’exerce pas d’attrait suffisamment fort. En Présence Juste, il s’agit de la concentration sur l’élément réel de chaque étape : le sol, la chaîne musculaire postérieure, la personne qui apparaît dans la visualisation etc...
L’attention diffuse
est un processus également actif mais moins intense, aussi peut-elle se fixer sur 3 à 4 objets à la fois. En Présence Juste, il s’agit des autres éléments du cycle et des posture et respiration.
Avec ces 4 à 6 objets scrutés simultanément, on arrive à la saturation du champ de la conscience ou "plénarité" qui a comme caractéristique d’unifier ce champ de conscience, de l’harmoniser en une présence pleine. Rien d’autre ne peut exister dans la conscience à ce moment, ni refoulement, ni clivage, ni blocage corporel ; il n’y a donc pas de symptôme à ce moment, ni de possibilité de constitution de symptôme. L’attitude globale peut se contenter de se refermer sur cette plénarité qui reste alors un état quantitatif, opérant, efficace. Les fonctions nécessaires à la situation du moment sont présentes, actives et justes. C’est la fiabilité du travailleur qui se focalise totalement sur les 3 à 5 paramètres en jeu dans sa tâche, sans autre état d’âme. Il y manque néanmoins la qualité ! Ça reste quantitatif.
Car l’attitude peut aussi rester ouverte, le corps détendu, l’esprit apaisé et non sidéré par les événements, la relation aux autres peut rester connectée et bienveillante. A ce moment là advient le troisième processus qui est un fonctionnement passif, spontané, imprévisible et incontrôlable : la contemplation.
La contemplation
En plus des objets réels de la concentration et de l’attention, apparaissent de nouveaux objets subjectifs : sensations corporelles, éveil énergétique, émotions, sentiments affectifs, images et visualisations, pensées, souvenirs etc., se connectant par association. Nous appelons ces nouveaux objets des "contemplats". Ils ont une véritable consistance, existent réellement mais sont insaisissables. Dès qu’on veut porter la concentration sur eux, ils se modifient, s’ils ne disparaissent pas carrément. En effet, leur complexité ne supporte pas la réduction qu’une concentration réflexive porterait sur eux. Les contemplats font le bonheur de la vie. Ils viennent tous seuls et s’en vont de même, ils apportent leur surprise. Ils sont généralement agréables quand l’attitude est positive et s’appellent alors volupté, amour et vérité. Les insights sont un exemple de contemplation… eh oui, c’est ce qu’a compris la psychanalyse qui fait :
Le mécanisme de la conscience en jeu dans la Présence Juste est un mécanisme universel. C’est aussi celui de la conduite automobile que nous aimons pour cela même, d’autant plus que la concentration s’y fait facilement, par attrait :
- concentration sur la route,
- attention diffuse sur les cadrans, rétroviseurs, pédales et cris des marmots,
- contemplats spontanés : bien-être corporel, souvenirs, réponse au problème de tout à l'heure, gros sentiment pour la covoiturée et... colère contre les chauffards!
- Un schéma très simple visualise ce mécanisme :
schéma 4 les mécanismes de la conscience en Présence Juste Pour conclure, il faut se rappeler les deux attitudes suivantes, seules à même de faire basculer dans la plénitude :
Enfin, on aura compris que notre pratique appelée Présence Juste comporte le maximum d'éléments propices pour que ce mécanisme de conscience si complexe advienne. C'est ce que l'expérience de mes patients et élèves me montre. Cela en fait aussi une pratique très efficace. Elle se rapproche beaucoup de la nouvelle venue du courant cognitivo-comportemental : mindfullness, méditation pleine conscience. Les évaluations statistiques si chères aux comportementalistes montrent que cette pratique participe à la prévention des rechutes dépressives (Teasdal) ou à l’atténuation des troubles obsessionnels compulsifs (Dantin L.) Ces acquis comptent autant pour la Présence Juste.
La Présence Juste est une pratique issue de la rencontre des méthodes somatothérapeutiques et des besoins et expériences personnelles de son fondateur. Les premiers textes ont décrit l'événement fondateur, un moment d'angoisse sur un télésiège bloqué au dessus de l'abîme qui a permis la mise en place du protocole de base à même de relaxer, apaiser, mettre à distance. L'enseignement aux élèves de l'École Européenne de Psychothérapie Socio- et Somato- Analytique (Eepssa) rappelle tout autant le second événement fondateur, une profonde douleur affective qui a subitement éveillé la circulation énergétique (kundalini) et tracé l’axe en soi. Enfin les péripéties de la pratique quotidienne viennent enrichir ces acquis de base de toutes les luxuriances de l'ouverture à la volupté, à la vérité et à l'amour. La dénomination "Présence Juste" permet d'englober ces trois niveaux de la pratique, de proposer l'exercice à des patients et d'y former les psychothérapeutes, tout en accompagnant ceux qui le désirent dans l'extension au bien-être, au savoir-être d'excellence et à la méditation. LE PROTOCOLE DE LA PRESENCE JUSTE Chacune de ces sphères est abordée spatialement (en bas, en haut, derrière et devant) pour obtenir une globalité (sphérique) et, grâce à elle, une saturation du champ de la conscience pour fixer cette dernière dans le présent. L'ensemble des quatre réalités situées dans ces quatre directions suffit à cet effet en analogie avec la loi de Miller qui dit que le maximum d'objets perçus distinctement et simultanément est de 7± 2, si on me permet d'extrapoler à partir de ce qui concerne la mémoire immédiate qui ne retient que ce nombre d'items pendant quelques secondes. LA POSTURE ET LA RESPIRATION COMME PREALABLES Posture et respiration sont les deux éléments objectifs qui servent d'ancrage dans la matérialité, surtout quand l'approfondissement de la pratique emporte dans les subtilités des énergies, sentiments et images. Le protocole de l'exercice fait de même, mais ce protocole peut être sublimé, oublié, transcendé. Pourquoi d'ailleurs un protocole ? Il fonctionne comme les rails pour la locomotive de... James Bond. Vous connaissez sa voiture, voici son train ! La locomotive, c'est le pratiquant. Elle avance sur des rails, il avance sur le protocole. Mais cette locomotive a des ailes escamotables, comme la voiture et, à certains moments, cette locomotive sort ses ailes, décolle, quitte les rails et batifole dans les airs, comme le méditant qui délaisse le protocole. Seulement, de temps en temps, elle s'égare là haut, et puis il lui faut refaire le plein de charbon, aussi redescend-elle sur les rails ; le méditant aussi, pour rester dans la Présence Juste.
Première étape : le sol, en bas
Premiers éléments du réel, en bas : le sol, le siège, le coussin, les accoudoirs. Ces butoirs imposent une certaine attitude du bas du corps. J'essaye de percevoir cette position... (Les points de suspension indiquent un temps de silence pour se concentrer sur l'élément évoqué) : cuisses tendues, fesses serrées, ventre rentré probablement...
Mais ces supports, ce sol, sont solides, je peux m'y fier, m'y abandonner ; je peux leur confier mon corps, le déposer...
"Je suis posé..." (Chacune des douze étapes a son signifiant verbal).
Probablement que mes jambes croisées s'affaissent un peu, mes fesses s'aplatissent, le périnée contacte mieux le support, les sphincters se détendent...
La respiration descend mieux jusqu'en bas, réchauffe le périnée, le connecte au support, pénètre les sphincters, dépose tout le bas du corps...
"Je suis posé"...
Deuxième étape : la pesanteur, en haut
Autre réalité présente, en haut : au-dessus de moi, la pesanteur qui m'écrase, la force de gravité qui me fiche 50, 60, 80 kilos et induit la posture du haut du corps... Épaules qui résistent, tête et buste penchés, respiration avec effort, dos tendu sans doute...
Mais je peux contrebalancer cette force, je peux aller la neutraliser, il suffit de m'étirer vers le haut de me prolonger dans l’axe, de me grandir de la tête, des épaules et du buste, jusqu'au plafond, pas plus loin pour le moment...
Je me mets un chapeau haut de forme de deux mètres et je deviens ce chapeau...
Le haut du corps est comme un vérin : j'appuie sur le bouton, il sort, monte et continue tout seul même quand je n'y pense pas... ça se prolonge...
Je sens l'allégement de la pesanteur, je la neutralise, c'est léger ; la respiration est libre et facile ;
l'esprit se dégage...
"Je suis grand, grande".
L'inspiration soulève les deux épaules et les emmène jusqu'au plafond, comme la tête ; à l'expiration, le thorax se relâche mais les épaules restent là-haut ; ce décrochage de l'anatomie et de la sensation est étrange, libérateur...
"Je suis grand, grande"...
Je n'oublie pas le bas du corps bien connecté aux supports du bas et je suis tout autant allongé jusqu'au plafond en une légèreté étonnante...
"Je suis posé, je suis grand, grande"...
Et s'il y a une image qui vient illustrer cet allongement, cette sensation, je la laisse venir, puis repartir, sans la provoquer, sans la chasser, sans la retenir. C'est aussi un élément du présent que j'intègre dans le champ de la conscience. Seules les images associées aux sensations entraînent la plénitude ; les images qui me font oublier le corps sont en clivage.
Troisième étape : l'énergie du dos
Autre élément du présent, à l'arrière du corps : la chaîne musculaire postérieure qui part de la base du crâne, longe la colonne des deux côtés, se continue dans les triceps, mollets, tendons d'Achille jusqu'à la plante des pieds... Chaîne unique de Françoise Mézière.
C'est elle qui travaille en ce moment pour maintenir l'assise : c'est là que se concentre l'énergie que je peux sentir circuler...
"Je suis fort, forte"...
Elle circule du sol jusqu'au plafond, dans l'axe énergétique du dos, dans l'axe en soi...
Si je la sens coincée quelque part, je reviens sur le dépôt du bas du corps, sur l'étirement du haut du corps, sur cette image d'allongement du corps à 3, 4, 5 mètres... et ça se décoince...
"Je suis posé, grand, fort"...
Elle descend avec l'expiration, elle monte avec l'inspiration, du sol au plafond...
Et cette énergie est couleur, couleur d'arc-en-ciel ; à chaque segment du corps, elle prend une des sept teintes :
- rouge dans le bassin et les jambes...
- orange dans les lombes...
- jaune à l'arrière du thorax...
- verte dans les épaules et bras...
- bleue dans la nuque...
- violette à l'arrière du crâne...
- dorée (ou blanche) dans le chignon au-dessus de la tête...
"Rouge, orange, jaune, verte, bleue, violette, dorée"... Pour les pratiquants avancés, je profite de ce travail de connexion du visuel et du sensitif pour explorer la notion de champ de conscience liée à la loi de Miller citée ci-dessus: "combien de couleurs pouvez-vous voir distinctement et simultanément ?... deux, trois, quatre, cinq... ?
Je vous propose un truc, imaginez votre tronc comme une flamme : rouge-orange-jaune, c'est la base de la flamme qui se continue vers le haut dans le doré ; à l'intérieur apparaissent des teintes plus sombres, verte-bleue-violette, comme un œil, comme la plume de paon ; arrivez-vous maintenant à sentir toute la hauteur du corps, toutes les couleurs de l'énergie, à élargir et saturer le champ de la conscience, jusqu'à être condamné à être là, uniquement là, présent, tout simplement... Si c'est oui, vous expérimentez quelque chose de plus, la plénarité et peut-être la plénitude.
"Posé, grand, fort"...
Quatrième étape : les centres énergétiques de l'avant du corps.
Enfin, à l'avant du corps, s'insèrent tous les organes de communication qui sont autant de centres énergétiques que je peux ouvrir de haut en bas :
- la vue (tout en laissant les paupières fermées)...
- l'ouïe, qui m'apporte les bruits et bruissements du moment... (en pratique avancée, je propose de ressentir yeux et oreilles comme un bandeau énergétique qui entoure le haut du crâne, occupe tout le tour, circule, se réchauffe, s'éclaire, prend la couleur dorée (ou blanche) du chignon, devient lumière, rayonne la lumière... cet éveil peut prendre des mois ou des années à se faire) ;
- l'odorat,
- le goût, à l'arrière de la langue...
- l'air qui rentre par le nez apporte une odeur et quand il sort, il passe sur les papilles de la langue et lui donne goût...
- les lèvres ... que j'arrête de pincer et quienflent, s'entrouvrent... qui amènent le relâchement des masséters et ouvrent légèrement labouche...
- le larynx...
- le cœur... lieu des sentiments...
- le ventre, centre des émotions...
- le sexe...
- la paume des mains avec sa chaleur, son énergie, le faisceau d'énergie qui en sort...
- la plante des pieds, la voûte surtout qui est, comme la paume, foyer d'énergie rayonnante...
"Je suis ouvert, ouverte"... (Ici aussi, on peut essayer de saturer le champ de la conscience en percevant simultanément ces quatre foyers d'énergie (paumes et plantes) ; quand cette plénarité s'installe, s'y ajoute généralement un signe très net de passage à la plénitude avec l'allumage d'un cinquième centre, à l'intersection des quatre premiers, au périnée, au centre ano-coccygien, le centre énergétique de base).
L'ouverture de ces centres de communication se fait en cascade, de haut en bas, comme une eau qui coule sur la peau, comme une bruine qui anime et dégouline...
L'énergie qui monte dans l’axe est l'énergie terrestre, celle qui descend est la grâce céleste...
"Je suis ouvert, ouverte".
Retour à la globalité de la sphère corporelle, énergétique,
"Je suis posé, grand, fort, ouvert"...
Plénarisation : le processus énergétique.
La globalisation de la sphère me fait passer de la simple addition d'éléments à un vécu nouveau, plein, plénier, à un vécu d'énergie...
"Je suis énergie, énergie de vie"...
"Couleur d'énergie"...
"Energie diffuse au-delà des limites anatomiques, centrée par l'axe en Soi"..,
"Vivre"...
DIGRESSION : LES EFFETS IMMEDIATS DE LA PRESENCE JUSTE
Faisons une première pause... théorique. Mais que voulons-nous donc, avec cette pratique ? Nous recherchons deux résultats bien précis :
- se débarrasser de... et se remplir de...
- s'alléger et se lester...
- guérir et grandir...
- enlever... mais remplacer par...
Il est important de remarquer que le seul processus d'élimination des symptômes ne suffit pas, élimination de :
- la tension musculaire
- l’hyperactivité mentale,
- la préoccupation exagérée par les événements.
Si on enlève seulement, on se retrouve dans un manque, un vide, une dé-pression et on n'accédera pas aux véritables :
- relaxation musculaire,
- apaisement mental,
- distanciation relationnelle.
Il ne suffit pas de soulager le "corps de maîtrise" (musculaire), il faut remplir le "corps de jouissance" (végétatif) pour maintenir l'homéostasie et surtout l'homéoesthésie. A cet effet, il faut éveiller et mobiliser :
- l'énergie jusqu'à la volupté,
- la relation aux autres jusqu'à l'amour,
- la vérité jusqu'à la sérénité.
C'est ce que les deux cycles suivants vont continuer à promouvoir - avec de la patience - tout comme le premier cycle l'a déjà fait.
Avec cette bonne énergie que nous “sommes ”, nous pouvons aborder maintenant notre vie relationnelle, entrer en contact avec les personnes de notre vie, personnes présentes, intimes ou plus lointaines, personnes du passé, vivantes ou mortes, personnages de nos fantasmes et de nos rêves d'avenir... Nous pouvons les voir, sentir puis, nous centrer et communiquer.
Cinquième étape : voir
Cette nouvelle énergie de vie nous permet d'ouvrir, en haut, les deux volets de nos yeux et de laisser venir les images -ou pensées- des personnes qui veulent bien se présenter à nous dans ces deux lucarnes...
"Voir"...
Je reste pur observateur, je laisse venir et repartir, j'accepte qu'il n'y ait personne ou que quelqu'un s'installe plus longtemps. Je ne choisis pas et ne veux rien. Je suis pur accueil...
"Voir"...
Il n'est pas facile d'être pur accueil. Si vous vous sentez interventionniste, volontariste, sans pouvoir vous en empêcher, soyez indulgent avec vous, tolérant, laissez venir ça aussi...
Inversement, si la visualisation ne fonctionne pas encore, si le volet n'est pas ouvert, patientez... mais si ça vous énerve, donnez un coup de pouce, faites venir un personnage par la pensée puis mettez-le en image...
"Voir".
Sixième étape : sentir
Chacune de ces personnes éveille des émotions, des affects, des sentiments. En bas, à l'avant, je peux sentir l'émotion dans mon ventre, quand il s'agit de relations sociales ; je peux percevoir des sentiments affectifs dans mon cœur, quand il s'agit d'une personne intime...
"Sentir"...
Là encore, le pur accueil de l'émotion ou du sentiment ne va pas de soi ; c'est un entraînement au laisser-venir, un apprentissage pour celui qui n'en a pas l'habitude. Mais c'est cela la "Présence Juste" dans la vie relationnelle : pouvoir être à la pure écoute de l'autre, pour un bout de temps du moins...
"Sentir"...
"Voir, sentir"...
Vous observez probablement que, face à l'autre, l'énergie de vie se loge à l’avant du corps, dans les yeux, les lèvres, le larynx, le cœur, les tripes, le sexe, les mains qui veulent aller vers ; peut-être tout le corps veut-il se laisser aller vers l’avant, vers l'autre...Ou alors, tout le corps recule-t-il avec telle autre personne, parce qu'il n'y a évidemment pas seulement des attraits, il y a aussi des retraits, des émotions et sentiments désagréables... Tout se passe à l’avant du corps.
"Voir, sentir"...
Septième étape : centrer
La position de l'énergie à l'avant du corps rend l'équilibre instable, la présence vulnérable, la personnalité fragile. Aussi je vous propose de vous centrer, équilibrer, re-centrer dans l'axe énergétique, dans l’axe en soi, en déplaçant l'énergie de l'avant du corps vers l'arrière, dans l'axe, dans la couleur, dans la force du dos...
Tout comme le haut du corps se déplace jusqu'au plafond, les sensations de l'avant du corps se glissent vers l'arrière.
"Centrer"...
Ce recentrement de la masse énergétique se fait aisément et il se passe bien autre chose en plus : je me sens moi-même face à l'autre, stable, moins préoccupé, moins menacé ou dépendant, je suis moi, droit dans mes bottes ; j'ai toute ma valeur face à l'autre, toute ma liberté...
"Voir, sentir, centrer"...
Vous constatez que vous arrivez à voir l'autre plus longuement, plus simplement, même ces personnes qui partaient (que vous faisiez inconsciemment partir) très vite. Il y en a de nouvelles qui peuvent arriver...
Ce que chaque personne fait ressentir s'atténue quelque peu, surtout quand c'est désagréable. Mais vous ressentez aussi plus fort ce qui mérite de l'être, surtout l'amour qui demande de l'engagement, et la haine qui veut du dégagement...
Ainsi nous ajustons encore mieux la présence à l'autre : voir et sentir en pur accueil tout en étant centré dans l'axe, du moins aussi longtemps que je n'ai pas décidé de ce que je veux avec cette personne.
"Voir, sentir, centrer"...
Huitième étape : communiquer
Ce n'est que lorsque j'ai bien accueilli l'autre et que je me sens pleinement centré en moi que je peux passer à l'étape active : communiquer. Et c'est avec tous les centres de communication ouverts à l'avant du corps que je peux le faire :
- regarder, au-delà du voir,
- écouter, au-delà de l'entendre, ce que je ne peux pas percevoir,
- humer, flairer, goûter,
- embrasser,
- parler, susurrer, dire ce que je n’ose pas dire,
- serrer contre mon cœur, contre mon ventre, mon sexe,
- toucher, me laisser toucher,
- envoyer l'énergie de mes paumes et des plantes... recevoir celle de l’autre,
"Communiquer"... A présent, j'ai le droit de retenir le visiteur que je veux, de le faire partir, d'en faire venir un autre, de communiquer activement...
Mais c'est de l'arrière que vient le mouvement de communication, de mon axe, il ne fait que traverser l'organe correspondant à l'avant : je reste centré dans mon énergie de vie. Je reste stable, en équilibre, sans chavirer vers l'avant ou l'arrière...
"Voir, sentir, centrer, communiquer"...
C'est probablement une sensation toute nouvelle que de sentir la communication qui part de mon centre et non de ma superficie... Est-ce que je sens la différence de ce que je fais - ou suis- d'ordinaire ?...
Voilà réellement les quatre ingrédients de la bonne présence à l'autre : voir, sentir, centrer, communiquer...
Plénarisation : le processus affectif
Ainsi se globalise aussi cette deuxième sphère relationnelle,
- avec les quatre temps de toute rencontre,
- avec les quatre lieux de la sphère, en haut, en bas, derrière, devant...
J'accède à la plénarité, c'est plein ; je ressens probablement déjà de la plénitude : ce qui vient en plus, spontanément, à contempler, c'est le sentiment affectif : convivialité, compassion, amour mais peut-être aussi peur, colère, haine... Je me laisse aller à cette contemplation, à aimer...
"Aimer"...
Le mot "spirituel" est l'adjectif du mot "esprit". Il représente ce que sécrète le cerveau et, pour l'expérimenter, il faut tout simplement mettre l'esprit dans la situation où il sécrète le plus intime de lui-même, à savoir dans le non-faire et le non-dire. Ce sont les traditions - universelles - et la science qui nous l'enseignent...
A présent, remplis de bonne énergie et de pur amour, laissons-nous progresser vers la sphère ultime, de la terre, de l'éthique, de l'univers...
Neuvième étape : la terre
En bas, nous sommes assis non seulement sur le coussin mais sur la terre, sur la planète, sur cette merveilleuse et unique demeure de l'humanité...
Nous sommes comme le Petit Prince sur le globe, ainsi que l'image omniprésente nous l'a montré... Laissons venir les images de cette terre, les bruits et odeurs de la vie, qu'il s'agisse d'évocations dirigées ou de contemplats inopinés... la nature, les animaux, les paysages, tel lieu privilégié, tel autre endroit récemment visité ou marqué par la présence d'une personne aimée.
Cette terre est matière, la même matière que celle dont je suis fait ; je suis terre : je viens de la terre, j'appartiens à la terre et y retournerai... Memento homo quia pulvis es.
"Terr'être"...
La terre me donne tout ce dont j'ai besoin pour vivre. Je suis intimement connecté à elle, dépendant d'elle... air, eau, feu, aliments, beauté... Je prends et je rends, je reçois et redonne... (je trie mes ordures !)
La terre, c'est aussi l'humanité dans laquelle je suis tout aussi intimement intégré... "Terr'être"...
Dixième étape : dire non
Cette terre, unique et en danger, me donne aussi des responsabilités.
La vie, imparfaite et fragile, m'impose aussi des devoirs...
L'éthique m'oblige parfois à dire "non"...
"Non"...
"Non" à tout ce qui met la terre, l'humanité, la vie, et la mienne en particulier, en danger...
Je pense peut-être à l'une ou l'autre situation précise dans laquelle je dois actuellement dire "non"...
"Non" à tout ce qui s'oppose aux valeurs, idéaux, engagements...
Ce "non" est un acte qui sécurise, qui rassure, qui libère...
C'est dans l'énergie de mon dos que je dis ce "non"...
Ce "non" est constructif, créatif...
Dire "non" me fait exister et être...
"Terr'être, Non"...
Onzième étape : dire oui
Et si je peux dire "non", je peux aussi dire "oui"...
C'est à l'avant, avec tous mes centres de communication ouverts, que je dis "oui"...
"Oui" aux valeurs, idéaux, engagements...
"Oui"...
"Oui" à mes modèles et maîtres qui me font progresser...
"Oui" aux croyances, à ce qui est au-dessus et au-delà de moi, à Dieu s'il existe pour moi... "Oui"...
C'est avec toute mon énergie et tout mon amour que je dis "oui"...
"Terr'être, non, oui"...
"Oui à ma démarche de progression, d'expansion, d'accomplissement...
Douzième étape : l'univers
L'énergie, l'amour et l'éthique m'outillent suffisamment pour aller enfin à l'ultime, à l'universel, au spirituel... Je suis terre, je suis aussi univers...
"Univ’être"...
Les atomes de mon corps étaient déjà là il y a quinze milliards d'années, dans le big bang...
Les atomes de mon corps seront encore là dans quelques milliards d'années, disséminés aux confins de l'univers...
"Univ'être"...
Me sentir à cet instant aux dimensions de l'infini me fait aussi expérimenter l'étincelle de l'éternel...aïon, plénitude.
Qu'est-ce alors que le mal. la maladie, le malheur, face à l'univers ?...
Qu'est-ce que la mort face à l'infini et à l'éternel ?...
Qu'est-ce qui peut encore ébranler la sérénité de cet "univ'ètre" ?...
"Univ'être"...
PLENARISATION
"Terr'être, non, oui, univ'ètre"...
"Energie, Amour, Sérénité"... "Etre"...
Mais, en attendant, la pratique reste liée au temps ! Il faut revenir ! Selon les obligations du moment :
- on restera dans cette sérénité spirituelle si rien de trop contraignant ne nous attend,
- on reviendra à l'amour du deuxième cycle si nous devons rencontrer des gens,
- on s'installera dans l'énergie plus ou moins diffuse ou centrée dans l'axe si c'est un boulot plus matériel qui est pendant.
Du reste, avec l'expérience, cette adaptation se fera globalement, comme un de ces contemplats qui nous surprendra ! Je suis tout simplement là, pleinement là.
Du reste, on n'est pas obligé de faire le grand tour, de pratiquer les trois cycles. Certains patients ont encore trop d'émotions négatives en laissant venir leurs "chères" relations, il leur faut encore de la thérapie. D'autres ne sont pas prêts pour le travail spirituel. De toute façon, le cycle énergétique est le plus simple et le plus valorisant, au risque de devenir une drogue ! Mais certaines de ces inhibitions peuvent se soigner par les protocoles spécialisés dont j'évoquerai les plus intéressants, un peu plus loin.
DIGRESSION : QU'EST- CE QUE LA MÉDITATION ?
Le texte qui inaugure la Présence Juste ( MEYER 1992) montre très clairement qu'il s'agit d'une somatothérapie et non pas d'une méditation. De toute façon, cette " auto-somatanalyse " doit rester une pratique à visée professionnelle que les patients peuvent intégrer sans aucune peur de récupération de quelque ordre que ce soit. C'est ce que j'ai observé tant chez les patients que chez les thérapeutes en formation. Et pourtant cette pratique peut déboucher sur les vécus mêmes qui adviennent dans certaines " méditations " à visée plus spirituelle comme les pratiques bouddhistes, zazen en particulier, les exercices d'Ignace de Loyola, les esquisses d'extase, mais aussi les méditations philosophiques ou new age ! La grande différence réside dans l'exploitation de la pratique : dans les dernières citées, on recherche un contenu, dans La Présence Juste, on se réfère aux processus. L'expansion du corps énergétique, l'éveil du sentiment d'amour, la sérénité de l'esprit sont les processus fondamentaux que nous traquons. Vérité, volupté et aimer sont les enjeux. Mais ces processus peuvent-ils ne pas se structurer et s'enfermer dans ces nouveaux cadres restrictifs que sont les contenus précisément ? La volupté du corps peut-elle échapper à la polygamie que préconisait C.G.Jung ? Le processus amoureux peut-il ne pas se réfugier dans la jalousie et l'exclusivité, pour ne pas parler de l'érotomanie ? Voilà l'enjeu.
C'est la libération du processus qui apporte le bien-être, le plaisir, la félicité, tandis que la structuration, elle, amène au désagrément de par le recadrage qu'elle impose à la fonctionnalité. Or, on l'aura compris, la Présence Juste œuvre à l'allégement progressif de la maîtrise (structure) pour laisser le plus de liberté possible à la jouissance (processus). Mais tel est aussi le but de la plupart des méditations, à deux détails près :
- elles maintiennent un certain cadre qui canalise les effets : on évitera la volupté sexuelle pour privilégier la félicité spirituelle par exemple ;
- elles préconisent un contenu et des objets, un dieu à aimer par exemple, pour ne pas s'éparpiller dans une succession de partenaires humains ; à la rigueur, un seul partenaire pour la vie!
Mais qu'est-ce encore que la méditation ? C'est une pratique d'intériorisation qui éveille les processus internes, à savoir les trois principaux évoqués tout du long : énergétique, spirituel et affectif. Nous verrons cela plus précisément dans la dernière partie de ce texte.
Dans ma jeunesse, j'ai beaucoup pratiqué la méditation chrétienne. Elle consiste en une posture (agenouillée puis assise) et en une lecture de texte généralement (mais aussi l'adoration du saint sacrement, ou d'une icône). Que faire de ce texte ? Exactement la même chose que du discours psychanalytique. Il faut traverser la matérialité des mots pour arriver au signifié ; il faut subvertir le symbole pour accéder à la vérité : derrière la crucifixion de Jésus, il faut ressentir son amour tout comme derrière le silence de l'analysant, il faut subodorer son sentiment transférentiel. Mais dans les deux cas se propose aussi la structuration : Jésus canalise l'amour, le concept de transfert prévient l'irruption érotomane.
Et qu'en est-il pour la Présence Juste ?
C'est le respect du protocole qui fait cadre et sécurité. Et pourtant, comme nous le verrons plus loin, on arrive à dépasser le protocole et à entrer directement dans les purs processus (avec un minimum de structure). Pour le thérapeute en formation, il y a alors occurrence et observation en direct de la création en temps réel des protections, défenses, structurations nécessaires. Et puis, un jour, il n'y aura même plus structure et seulement éveil processuel et accès à l'ordre intrinsèque : vérité, volupté et aimer. En fait, ces trois processus se structurent réciproquement de par leur seule coexistence. L'aimer structure la volupté, la vérité cadre l'aimer et la volupté informe la vérité...
La Présence Juste recrée un autre processus... celui de la méditation elle même. Elle nous replace aux origines de sa mise en œuvre, à l'origine du phénomène de civilisation, de religion, de morale.
La "Présence Juste" comme résultat est un état d'être qui allie l'ouverture, la sensibilité, la souplesse, la disponibilité au changement, la créativité. Il facilite le processus thérapeutique et la capacité de changement. L'état de présence se prête donc à des applications spécialisées tout comme l'état sophro-liminal en sophrologie, l'hypnose légère d'Erickson, le prolongement psychotactile de l'haptonomie ou... l'état de libre association et de transfert de la psychanalyse. Voici quelques-unes de ces applications.
L'AUTO-THERAPIE ET LE BOBO CHÉRI
Durant la pratique, nous pouvons ressentir des tensions, douleurs, spasmes, symptômes divers dans le corps et même le... bobo chéri. Chacun d'entre nous a un point faible où le premier stress venu, la moindre contrariété viennent s'impacter : céphalée, digestion lourde, congestion nasale etc.... Il s'agit ici des symptômes dits "fonctionnels" auxquels on se limite pour le moment et qui nous sont souvent très "chers" parce qu'ils font diversion sinon évacuation. " Chéri, ce soir j'ai mal à la tête..." A la fin du premier cycle, voluptueusement installé dans l'énergie diffuse, on se rappelle le symptôme, on entre dedans, on ressent l'espèce de rétrécissement qui se fait alors en soi jusqu'au cœur du spasme. Puis on redonne du volume et de la circulation à cette énergie en stase :
- on étire le bobo vers le bas et le dépose au sol comme le bas du corps,
- on le prolonge vers le haut, jusqu'au plafond, en même temps que la tête et les épaules,
- on l'élargit vers l'arrière, le connecte à l'énergie de l'axe et le fait circuler dans cet axe entre sol et plafond,
- on le pousse en avant et le fait sortir par l'organe de communication correspondant,
- on en fait une sphère de plus en plus grosse, de la couleur du segment du corps concerné,
- on le fait diffuser jusqu'à ne plus le ressentir.
Le bobo a disparu, s'il est de gravité légère ; il a diminué s'il est plus coriace. Quant au bobo chéri, vieille connaissance, on peut l'éliminer après quelques semaines de soins autothérapiques quotidiens.
LA GESTION D'UNE RELATION DIFFICILE
Tout comme le bobo chéri, nous nous gardons au moins une relation difficile sous le coude. Bush a besoin de son Ben Laden. Mais elle peut tout de même nous gâcher le plaisir du deuxième cycle relationnel ! Dans ce cas, à la fin du deuxième cycle, si nous sommes en bonne énergie et presque en pur amour, nous allons chercher le trublion ou le sauvageon et... devinez ce qu'on va faire :
- le "voir",
- le "sentir",
- se "centrer", et, enfin,
- "communiquer" comme on ne l'a jamais fait jusque là : bien regarder, écouter ce qu'on n'a pas vraiment entendu, dire tout ce qu'on n'a pas osé exprimer et, peut-être même, toucher, serrer, énergétiser... Après cela, ça fera sûrement moins mal, même si ce n'est pas encore le grand amour ! Puis on retournera vers un amour actuel en faisant apparaître des êtres chers pour prendre sa dose de tendresse ;
- Ou alors on rompt définitivement cette relation.
PASSER DEVANT UN JURY D'EXAMEN
Nous sommes dans la même situation qu'avec la relation difficile. L'exercice se situe à la fin du deuxième cycle, quand on a fait le plein d'énergie et d'amour. C'est là qu'on fait apparaître le jury, que ses membres soient connus ou non, et qu'on déroule la Présence Juste :
- "voir" : non pas des projections négatives du passé – d’échecs - mais des hommes et des femmes en chair et en os qui ont une tâche bien précise : évaluer, avec un préjugé bienveillant même ;
- "sentir" : évidemment que le trac s'esquissera dans les tripes, ou que les boules gonfleront dans la gorge... mais peut-être déjà un peu moins que prévu ;
- "centrer" : en tout cas, toute cette énergie "épidermique" du devant du corps sera amenée à l'arrière, dans l'énergie de l'axe, là où je sens que je connais mon affaire, que je suis "fort", que je ne me laisse pas intimider ;
- "communiquer" : puis, venant de mon centre, je peux faire les présentations, soutenir mon sujet, écouter les remarques éventuelles sans a priori négatif, laisser venir les questions en prenant le temps de les apprécier au centre et de laisser venir les réponses de ce même centre ; je peux regarder les membres du jury à partir de mon axe et leur envoyer une énergie bienveillante...
Je peux même les aimer ou du moins avoir de la compassion pour leur boulot qui n'est évidemment pas folichon, même quand c'est moi qui passe devant eux !
LES SOINS SEXO-THERAPIQUES
Les symptômes sexuels et conjugaux sont autant de bobos chéris et de relations difficiles, parfois même des questions métaphysiques. Je me permettrai d'être succinct avec la clinique.
• Erection molle, impuissance chez l'homme, anorgasmie chez la femme
(plaisir diffus, petits orgasmes mais pas d'orgasme résolutif). Il s'agit d'un manque de focalisation de l'énergie sur la sphère sexuelle, périnéale et vaginale (le plus souvent). A la fin du cycle corporel, on fera faire l'inverse du bobo chéri, à savoir une concentration de l'énergie sur le sexe. L'important, c'est d'expérimenter alternativement les états diffusés et les états concentrés de l'énergie sexuelle, puis de s'entraîner à passer de l'un à l'autre. Le principe se comprend assez facilement. Il faut du temps et de la persévérance pour que le résultat arrive.
• Ejaculation précoce, nymphomanie
Ici il y a un excès de concentration de l'énergie sur la sphère génitale. Le pénis entre rapidement en spasme éjaculateur tellement il est déjà sous tension ; la nymphomane recherche continuellement l'assouvissement sexuel, incapable d'éprouver une tendresse douce ou un amour expansé, comme l'est l'énergie de vie en fin de premier cycle. L'entraînement se fera évidemment comme pour le " bobo chéri " à partir de la tension située dans le pénis ou le clitoris.
• Médiocrité de la satisfaction sexuelle par appréhension, doute, hésitation, inhabileté
Si les paramètres habituels de la réussite sexuelle sont satisfaits (érection, retenue de l'éjaculation, plaisir clitoridien et vaginal, accès à l'orgasme) il manque l'assurance qui permet de jouir de chaque instant - en douceur ou intensité, en pause ou mouvement, parce que tout semble instable, incertain, fragile : peur de perdre l'érection tout comme de ne pas contrôler l'éjaculation, peur de ne pas être agréable à l'autre, de ne pas faire ce qu'il faudrait, de ne pas le gratifier par un orgasme vaginal... On est là dans cet état où l'énergie investit l'avant du corps (les yeux, l'épiderme, le ventre, le seul sexe) sans se connecter avec le centre énergétique de base (ano-coccygien) et avec l'axe postérieur. Avec de tels clients, on insistera sur le déplacement de la charge énergétique vers l'arrière, sur le centrage, comme cela s'effectue au 3eme temps du deuxième cycle. On pourra aussi recommander cet exercice dans le couple, avec de simples caresses et une attention particulière à ce que le récipiendaire puisse se concentrer sur cette translation énergétique vers l'arrière et donner des indications pour faciliter l'apprentissage.
• Médiocrité de la satisfaction sexuelle liée à un(e) partenaire trop impressionnant(e)
Pour aimer, ou du moins être amoureux(se), on choisit souvent un(e) partenaire qu'on admire, qui impressionne, le prince et rien de moins. Mais, dans la sexualité, ce décalage personnel et/ou social peut déstabiliser (éjaculation précoce, anorgasmie) ou inhiber (anérèction, vaginisme). Après avoir analysé et reconnu cette réalité et lorsqu'on veut néanmoins l'assumer, il s'agit de le faire comprendre au corps et à l'âme aussi ! Un travail de gestion de cette relation difficile peut apporter son aide, avec les précisions apportées par l'entraînement au " passage devant un jury d'examen " !
APAISER L'ANGOISSE METAPHYSIQUE
Nous avons aussi quelques questions métaphysiques en suspens pour ne pas bronzer idiot. La maladie, les inégalités, l'injustice (en particulier celle qui m'est arrivée dernièrement !), la guerre, l'ignorance, et j'en passe, sans oublier l'existence ou la mort de Dieu et... l'étouffement annoncé de notre planète.
Ça fait un peu snob de l'évoquer, mais ça gâche réellement la vie ! Eh bien, ne plaisantons pas ! Nous n'aurons pas la réponse définitive ici, mais nous pouvons nous mettre dans un état de présence qui diminuera l'angoisse et rapprochera la réponse. Evidemment, nous nous mettrons d'abord en bonne énergie puis en amour avant de nous coltiner "la" question revêche qui nous ravit... notre sérénité ! On se plantera devant elle :
- comme un terrien, en "terr'être",
- on dira "non", à ce qui nous semblera complaisance personnelle,
- on osera le "oui" à ce qui apparaîtra comme les choses à faire, oui à celui qui a déjà terrassé la question avant nous, au maître, éventuellement à la foi en...
- on s'élargira aux dimensions de l'univers pour sentir de si loin si la question est encore audible...réelle !
"univ'être". SUPERVISION ET AUTOVISION
Sigmund Freud se retirait (presque) tous les soirs dans son bureau pour réfléchir aux séances de la journée et prendre des notes. Voilà un bel exemple... à suivre. Mais, comme Somatothérapeute, il n'y a pas que la réflexion intellectuelle qui doive ponctuer notre travail, il y a aussi une post-élaboration plus spécifiquement somato- pour l'assurer et l'enrichir, ce travail. La Présence Juste est l'un des moyens privilégiés. Nous l'apprenons durant les ateliers de supervision pour pouvoir l'utiliser seul chez soi en " autovision ". II s'agit de se mettre en Présence Juste et de revenir sur le travail de la journée.
Après le premier cycle, bien installé dans l'énergie diffuse et l'axe en soi, je me replonge dans telle ou telle séance et j'essaye de préciser :
- étais-je dans une " bonne énergie " avec ce patient, ou alors dans quoi d'autre et pourquoi ?
- est-ce que ce patient modifie mon état d'être énergique du départ, et dans quel sens ? en mieux ou moins bien ? quel est le message à recevoir d'une telle modification ?
- est ce que je fais tout ce que je peux pour être dans une " bonne énergie " en travaillant ? que pourrais-je faire pour cela ?
On peut consacrer cinq minutes à cette première intro-vision. Puis on se plonge dans le relationnel du deuxième cycle jusqu'à l'amour et consacre encore cinq longues minutes à retrouver les émotions et sentiments qui s'éveillent avec les patients de la journée. On s'aide du même protocole très simple :
- quels étaient l'émotion, le sentiment, l'ouverture affective dans la journée, dans le travail thérapeutique en général, et pourquoi ?
- quelles sont les modulations que provoque tel ou tel patient sur cette sensibilité de base, en plus ou moins, en mieux ou pis ? en suis-je vraiment conscient ? suis-je cohérent ?
- quels sont ces messages que je reçois là par rapport à ces relations thérapeutiques / analytique ?
- qu'ont-ils à faire avec mon projet d'alliance thérapeutique, d'empathie, de contre-transfert ?
En réalité, il ne s’agit pas de retomber dans la réflexion intellectuelle mais seulement de ressentir et de conscientiser. La référence aux qualités de " l'accordage " (alliance, empathie, transfert) est tellement basique qu'elle peut rester intuitive. Après cette deuxième autovision, on peut progresser dans le troisième cycle, ultime, spirituel, éthique. On parcourera les étapes neuf à douze jusqu'à la vérité de l'être et fera retour sur la pratique thérapeutique :
- est-ce que j'ai des valeurs qui informent mon travail, une base de travail plus large que le seul énergétique ou affectif ?
- si oui quel patient me permet de m'y référer et quel autre m'oblige à rester le nez dans le guidon, et pourquoi ?
- est-ce que la connexion à la vérité peut faire projet dans telle ou telle cure, et comment ?
Il serait évidemment incohérent de retomber dans du savoir à la fin de cette autovision. Le but ultime et idéal consiste à être dans la présence, dans la pure présence, dans cette attitude d'être qui laisse les processus se dérouler pour éveiller les ressources correspondantes et accéder à l'ordre intrinsèque.
Ces quelques exemples d'applications spécialisées - très simples - doivent montrer que "l'entrée en Présence Juste" est une attitude de base qui permet de "s'ajuster" à des situations nouvelles ou mal engagées. C'est aussi l'attitude fondamentale propice au changement, potentialisant toute psychothérapie concomitante - c'est d'ailleurs l'un de ses buts. Et, pour ne pas en rester à de la fausse modestie, j'ajouterai que la Présence Juste, telle qu'elle est définie à travers le protocole, est l'attitude fondamentale dans la vie. Plus je pratique personnellement, plus j'expérimente la réalité de cette chose, plus je me rends compte que c'est la bonne attitude. Je peux ajouter que j'ai fait plus de progrès avec la Présence Juste qu'avec le travail émotionnel et même l'analyse individuelle. Mais on ne rencontre la bonne pratique - tout comme le bon thérapeute - que lorsqu'on est prêt !
Il nous reste à envisager deux faits importants pour faire le tour de cette présentation très pratique de la Présence Juste : l'évolution personnelle lors d'une utilisation régulière et l'organisation de son enseignement à des patients.
Dans la mesure où la Présence Juste favorise l'éveil énergétique, la subversion du schéma corporel, les modifications de l'état de conscience, et cela dès le premier cycle, on ne proposera pas cet entraînement à tout le monde. Il y a un danger pour les structures de personnalité trop rigides (schizoïde, borderline, paranoïaque) pour ne même pas parler des psychoses aigües. Ainsi une voyante de quarante cinq ans avait-elle visualisé l'étirement vers le haut, à la deuxième étape, comme un ballon d'enfant qui s'était détaché brutalement du cou et avait foncé jusqu'au plafond ne restant rattaché au cou que par la classique ficelle. Heureusement qu'elle est restée rattachée par cette cordelette ! La patiente a spontanément abandonné cet apprentissage !
Il y a quatre temps à l'irruption de la Présence Juste dans une vie, les quatre temps de la "pulsation" qui est, en somatanalyse, l'unité de vécu et la mesure du processus thérapeutique, au-delà des seules pulsions freudiennes et émotions reichiennes. Ces quatre temps sont : pulsion, émotion, intégration, maturation.
1. Pulsion, ou action
II faut une impulsion pour pratiquer la Présence Juste. Plus précisément, il faut un besoin (à distinguer de la demande (à déchiffrer !) et du désir (à laisser en l'état !)). On se rappellera que deux grands besoins ont ponctué la création de la Présence Juste : échapper à l'angoisse du télésiège bloqué, remplir le vide laissé par la perte affective...
Le besoin peut-être plus banal, sous la forme d'un simple symptôme fonctionnel, mais il faut savoir que la souffrance plus exceptionnelle - même si elle ne sert à rien en elle-même -prédispose généralement à une grande disponibilité, à un lâcher-prise profond qui favorise de rapides progrès du côté de l'énergétique et des états de conscience.
Il faut aussi des impulsions pour s'entraîner régulièrement puis pour approfondir. Cette dernière motivation provient des premiers résultats encourageants. Le premier cycle est très puissant et la plupart des apprentis ressentent très vite des phénomènes énergétiques au-delà de la seule relaxation, des contemplats visuels et mentaux au-delà du seul apaisement de la pensée. Sur dix patients qui démarraient l'entraînement de 10 séances, deux arrêtaient prématurément, quatre autres avaient suffisamment de résultat pour continuer seuls et les quatre derniers revenaient pour une nouvelle séquence de 10 séances afin d'atteindre le niveau d'auto motivation. Ces résultats me semblent bons et réconfortants quoique modestes.
2. Emotion, affect, jouissance, gratification
Je l'ai déjà évoqué, le protocole est très puissant et provoque des lâcher-prise rapides - même en dehors des grandes épreuves personnelles ! C'est ce que montre l'entraînement des somatanalystes en formation. Ces premiers résultats entretiennent la pulsion et la motivation. Mais ils constituent aussi la deuxième vague de difficultés (après la démotivation). Comme le montre l'exemple de la voyante, les processus de conscience modifiée et d'éveil énergétique peuvent surprendre, déstabiliser et même faire peur.
Ils peuvent renvoyer à la psychose anti-secte qui plombe à nouveau notre époque. Mais, pour nous, il s'agit tout simplement de vécus auxquels le patient n'est pas encore préparé et pour lesquels nous devons exercer une vigilance particulière. Il n'y a pas vraiment de danger de décompensation puisque le patient agit en toute liberté et selon ses capacités propres. Mais une bonne volonté pourrait être bloquée pour longtemps si un tel trauma n'était pas débriefé ! Le début de chaque séance d'enseignement commence par ce débriefing, par le tour de parole qui permet - sans obliger - à chaque participant de décrire ce qui se passe pour lui. Il faut aussi avoir l'œil et le feeling, au-delà de la seule écoute.
3. L’intégration
L'être humain est un système pluriel et complexe, constitué de douzaines de paramètres, et cherchant constamment à créer l'équilibre de ce système : homéostasie, homéoesthésie. égalité d'âme etc.... Lorsque l'un des paramètres change, les autres doivent s'adapter, compenser, pour rétablir l'équilibre.
Or la Présence Juste fait bouger certains paramètres, les autres doivent donc se "réajuster".
Nous avons déjà insisté sur le fait qu'il ne suffit pas d'enlever seulement de la tension (relaxation, apaisement, prise de distance) mais qu'il faut rééquilibrer en ajoutant (volupté, amour, vérité). On enlève du côté musculaire, on rééquilibre du côté végétatif (énergétique). On cède sur la maîtrise, mais c'est pour se réassurer avec la jouissance.
A moyen et long terme, ces réajustements prennent de l'ampleur, aux différents niveaux corporels, psychiques et relationnels, Dans le corps, on expérimente peu à peu les effets subtils de l'alimentation, de l'alcool ou de l'état de fatigue sur la qualité de la présence, sur le bien-être en général. Trop manger, boire trop d'alcool, être trop fatigué réduisent les bienfaits de la pratique et inversement. Alors on change peu à peu son mode de vie.
Au niveau psychique, on se met à apprécier le champ de conscience qui s'élargit, l'état de conscience qui ne reste pas seulement focalisé par le petit bout de la lorgnette mais qui se globalise par son grand bout. Comment réajuster ? En acceptant de modifier un certain nombre de conceptions, étroites et focalisées jusqu'à présent, élargies et complexes pour l'avenir : en gros, ce changement de la philosophie de vie fait déplacer le centre d'intérêt de l'extérieur vers l'intérieur et de l'intellect à l'affectif et au spirituel, tout en y injectant une autonomie nouvelle qui protège de toutes sujétions ou sectarismes.
Au niveau relationnel, on observe tout autant que certaines personnes enrichissent notre évolution alors que d'autres l'entravent, que certains cadres de vie - professionnels ou culturels - aident alors que d'autres inhibent. Les choix de vie se font ici aussi, même si la prise de conscience ne se fait qu'après coup le plus souvent.
Pour mes patients, j'avais organisé un "deuxième degré" pour ceux qui utilisaient la méthode depuis un à deux ans. Certaines évolutions ont été rapportées, en particulier des tiraillements avec des proches qui ne pouvaient pas - ou ne voulaient pas - accepter les modifications en cours et la peur que cela ne provoque des séparations... non souhaitées.
4. La maturation
Si on laisse du temps entre deux séances de psychothérapie, et surtout entre deux week-ends de somatanalyse de groupe, c'est pour donner du temps au temps, pour respecter la durée que prend le changement. Car ça "murine" (lapsus d'un patient qui me reprochait de le laisser "muriner" (mûrir-mariner). Ça mature en arrière-fond, à la base. La démonstration la plus évidente vient de la survenue de plus en plus spontanée des effets de la Présence Juste. On y entre tout seul, on est là, plein, juste, en se réveillant, au volant de sa voiture, face à telle personne. Des formes de plus en plus diverses d'éveil énergétique surviennent toutes seules, dans le ventre, dans la tête, en faisant l'amour, en testant le beaujolais nouveau - avec modération ! On oublie même de pratiquer ou, plutôt, on n'a plus besoin de pratiquer selon le protocole. Et les ajustements compensatoires évoqués ci-dessus ne posent plus problème; ils sont évidents et très simplement accueillis ; c'est à prendre ou à laisser ! La locomotive de James Bond a pris son envol et trouve d'autres lieux de régulation et de sustentation que les rails.
C'est ailleurs que ça se passe à présent.
Pour éviter qu'une relation affective avec le formateur ne vienne interférer avec l'apprentissage -parce que nous ne sommes pas en thérapie ici où l'on analyse et perlabore la relation affective - on propose l'entraînement à la Présence Juste dans un groupe. Selon le local, ce groupe peut aller de 3 à 4 personnes jusqu'à une bonne douzaine. Au-delà, on risque de ne plus suivre suffisamment l'évolution de chaque participant.
La séance dure de 60 minutes pour un petit groupe à 90 et 100 minutes pour un grand groupe. Il ne faut pas que cela devienne une thérapie de groupe en étant trop long. La séance est divisée en quatre séquences :
- tour de table avec restitution des vécus et présentation de la nouvelle étape (20 à 30 minutes),
- pratique : du début jusqu'à la nouvelle étape incluse (15 à 25 minutes),
- restitution des vécus (10 à 20 minutes),
- nouvelle pratique accélérée (5 à 10 minutes) et départ en silence.
L'apprentissage complet se fait en trois cycles distincts :
- entraînement de base aux sphères corporelles et relationnelles, ces deux cycles ne présentent aucune équivoque quant à la dimension thérapeutique, hédonique et humaniste ; on peut proposer une dizaine de séances étalées sur 4 mois : au début, fréquence hebdomadaire, puis espacement de 15 jours ;
- entraînement de base à la sphère universelle et spirituelle, dans la foulée ; l'une ou l'autre personne peut y renoncer, ne voulant pas encore aller... là ! Quatre séances ; là aussi, on commence toujours au début et l'on approfondit donc les deux premiers cycles ; séance toutes les 2 puis 3 semaines ;
- après un an, deuxième degré, où l'on reprend le tout en l'approfondissant ; la séance dure 100 à 120 minutes et la pratique centrale s'allonge à 45 minutes avec de moins en moins d'accompagnement verbal par l'enseignant ; 3 à 4 séances espacées d'un mois ;
- si on en a la possibilité, séances isolées de reprise, tous les six à douze mois.
Quand on s'est beaucoup entraîné à la relaxation, de Schultz par exemple, la vague de détente traverse le corps dans les secondes qui suivent la mise en condition, à la seule évocation de l'induction: lourd, chaud ....
Quand on s'est autant habitué à '' l’arc énergétique " des orientaux, repris par Lowen comme '' position de l’axe ", les secousses musculaires s'ébranlent dès la prise de posture et les vibrations énergétiques s'ensuivent rapidement.
II en va de même ici : la présence juste s'installe vite. La locomotive n'a même plus besoin de sortir ses ailes. Il n'y a même plus de locomotive nécessiteuse de rails. Il suffit d'une prise de posture, de l'ajustement de la présence, et il s'ensuit des effets rapides et presque automatiques. Il suffit que la posture adéquate s'accompagne d'une respiration élargie, de calme mental et d'une certaine intériorisation et... ça vient.
La pratique " hors protocole "
Plus besoin de protocole, ça se fait '' hors protocole ", comme le ski se fait " hors piste "' et le cyclisme dans les cols "hors catégorie". Ça descend tout seul, ça grimpe (presque) gaiement. En réalité la technique du sportif s'applique encore plus ici et, à ce niveau, c'est même de l'art, du grand art.
Aussi ne peut-on pas dire qu'il n'y a plus de protocole, qu'il n'y a plus les trois cycles avec leurs quatre points cardinaux. Ça continue à glisser presque tout seul (posé), à grimper tout aussi aisément (grand). En fait, il faut bien comprendre que le protocole de la Présence Juste n'est pas une " structure "' mais, au contraire, un ensemble d'actings qui allègent les structures. Abandonner le bas du corps au sol, laisser monter le haut du corps vers le soleil comme un arbre qui y cherche la chaleur, ça fait lâcher la structure corporelle. Par contre, l'application compulsive des actings du protocole peut devenir rigide, rituelle, structurante, et donc étouffer le processus à éveiller. De là, les sempiternelles recommandations de toutes les traditions : il ne faut pas vouloir, pas maîtriser, mais lâcher-prise ; pas de saisie ; abandonnez-vous à la volonté (de dieu ou du maître,) soyez humble et modeste, prenez la position basse.... En fait, le " hors protocole " n'est autre qu'une attitude plénière déjà acquise qui intègre directement les effets des actings sans avoir besoin de les conscientiser longuement.
Et ce qui s'observe alors en soi, c'est l'avènement de phénomènes quasi spontanés que nous appellerons " purs processus " ; c'est de la vivance sans guidance, de la jouissance sans maîtrise, du fonctionnement sans structure. Nous savons déjà que guidance, maîtrise et structure ne sont pas absents mais tout simplement inutiles à ce moment là parce que le processus se déroule dans son "ordre intrinsèque ", tel qu'il le faut, tel qu'il le fait depuis des milliers d'années chez l'être humain de toutes cultures et de toutes régions du globe. En effet, les "purs processus" qui s'actualisent sont universels et il n'est pas anodin que la Présence Juste y accède comme toutes les autres pratiques de ce genre, de relaxation poussée, d'éveil énergétique et de méditation. Evoquons les trois principaux de ces processus, l'énergétique, le véridique et l'affectif.
Le " pur processus énergétique " est bien connu des somatothérapeutes et des méditants et même du vieillard qui prend le soleil pendant des heures, devant sa maison. Je m'assieds en tailleur, la colonne droite, dans mon petit coin bien calme, lâche la tête et me tourne vers l'intérieur. Après une à deux minutes, un endroit du corps se met àse remplir d'une douce énergie, àpulser cette sensation au-delà, à la diffuser dans tout le corps.
Dans les premières années de pratique, ça s'éveillait d'abord dans le périnée et montait sagement le long de la colonne comme l'enseigne l'Orient avec son image du serpent kundalini. Arrivé dans le crâne, le serpent y répand une douceur qui se transforme en félicité et prend la place de la pensée. Puis elle se déverse dans le reste du corps en descendant très lentement. Aussi longtemps que je peux rester dans cette pure douceur et cette absence de pensée, c'est divin.
Après quelques années, ça s'éveillait plutôt dans le crâne et, au début, je loupais cet éveil parce que je l'attendais ailleurs, en bas. Maintenant, ça peut démarrer n'importe où, à condition de ne pas attendre à un autre endroit !
Tant que c'est pure douceur, circulation lente et diffusion totale, clarté et couleur, la volupté est maximale. Parfois je sens des soubresauts dans le tronc comme des extrasystoles. D'autres fois cela se stabilise, se répète, entre dans une certaine routine. Il y a dans ce dernier cas un retour de structure qui prend le pas sur le processus... Je peux alors arrêter la pratique et retourner à mes occupations ou recourir au protocole pour recommencer selon les règles... Mais je me sens en tout cas transformé et tout autre pour aborder à nouveau l'extérieur.
Le pur processus spirituel ou "nature de l’esprit"
C'est quand le mouvement énergétique submerge plus massivement le cerveau, au-delà de la douceur et de la félicité évoquées ci-dessus, que la structure mentale cède dans des manifestations très proches du tunnel noir, mais néanmoins atténuées : obnubilation de l'esprit, envahissement par une obscurité plus ou moins opaque, déferlement de la vague d'endormissement qui nous emporterait vers le sommeil comme dans un brouillard noir. Quand on sait résister au sommeil et qu'on reste dans la posture, on sort lentement de l'éclipse et découvre la clarté, la lumière, l'éclat du soleil. Le cerveau devient lui-même lumière, soleil et rayonnement. Il faut qu'elle sorte, cette lumière, qu'elle se répande, enrichisse alentour et entourage, se renforce dans la lumière du maître que l'on peut visualiser en face de soi. Parfois ce sont de pures plages de couleur, vives et lumineuses. Puis ce flamboiement envahit le reste du corps en descendant lentement de centre énergétique en organe de communication selon le cheminement évoqué dans le protocole (cycle 1, étape 4) transformant tout le corps en corps de lumière.
Une grande volupté accompagne cette lumière et la présence reste juste ; on est là, présent, capable d'intégrer ce qui peut se passer d'imprévu. II s'agit de rester dans cette présence plénière, riche et sobre à la fois, exaltante et simple tout autant. C'est “pur ” processus, sans forme, sans structure, sans intention ni but hors du temps, sinon éternel. C'est, tout uniment.
Selon le contexte de vie (période calme ou préoccupée), cet être de lumière et de jouissance se maintient plus ou moins longtemps. Si on s'écarte de ce pur état d'être, la structuration se réinstalle et c'est, paradoxalement, en passant à la production imaginaire (les images ayant des formes et les pensées s'inscrivant dans des concepts et des mots).
Alors s'imposent des images, des personnages (cycle II étape 5), des paysages (cycle III, étape 9), des considérations éthiques (étapes 10 et 11), des intuitions plus ou moins essentielles (étape 12). Pour les personnes qui ont une visualisation prédominante et une créativité débordante, il y a incursion dans le paradis de l'E.M.I. avec la luxuriance qui sera décrite dans la troisième partie du livre.
Mais c'est la dimension affective qui caractérise fondamentalement ce qui correspond ici au quatrième palier de l'E.M.I... Quand la lumière descend dans le corps jusqu'au cœur, elle allume un sentiment d'amour ineffable. En fait, on accède là à un troisième processus hors structure, le " pur processus affectif ".
Le " pur processus affectif " ou "l’intime du lien"
C'est lui d'ailleurs qui vient redonner les formes aux images, les visages aux personnages, le paradisiaque aux paysages. L'affectif se libérant de plus en plus fait advenir ses objets privilégiés: les êtres aimés, vivants et morts, les ambiances de rêves amoureux. Lorsqu'il y a évocation d'événements de vie, ces événements sont ressentis comme augmentant ou diminuant le sentiment d'amour et prennent ainsi une couleur morale. S'ils l'augmentent, ils étaient bons ; s'ils le diminuent, il y avait faute. Nous sommes ici aux origines des processus les plus nobles de la civilisation : sentiments sociaux, éthiques, mystiques et religieux. Qu'il y ait sécrétion d'ocytocine, la toute nouvelle hormone de l'amour, comme il peut y avoir libération d'endorphine dans le " pur processus énergétique " et de mélatonine dans l'obscurité de l'esprit, ne change rien à l'affaire. Ce serait plutôt plus rassurant que d'en rester au " meurtre du père ", ce mythe freudien qui aurait présidé à la naissance de la civilisation !
Puis se précise le point de (non) retour, sous des formes diverses : fin du temps de séance programmé, retour d'une vigilance qui dispose à retourner à ses occupations, sensation d'achèvement de la pratique ou, plus prosaïquement, irruption de la vie extérieure qui nous rappelle à nos responsabilités citoyennes. Mais on se sent bien, profondément calme, stable et assuré, heureux dans son corps, serein dans sa tête, aimant dans son cœur. Et cela, c'est un changement intense qui transforme toute la période qui va suivre, puis toute la vie, imperceptiblement. La valeur thérapeutique / analytique de cette pratique découle de là. L'efficacité, si tant est qu'il faille la rechercher, se déduit des trois effets suivants :
- durabilité de cet état de bien-être,
- justesse de la présence à la situation sociale (ou familiale) dans laquelle on retourne,
- empathie et bienveillance, sinon amour, envers les personnes que l'on retrouve.
Ces trois qualités sont autant de critères qui nous permettent d'évaluer si l'on pratique correctement, dans le but de s'ouvrir aux autres et non pas pour se replier sur soi.
Je voudrais revenir sur le troisième et long écrit publié dans " La dimension spirituelle en psychothérapie, corps et transpersonnel " où j'annonçais tout simplement une "méditation scientifique et humaniste". Pour ma part, cela me semblait légitime, vue la procédure très méthodique de l'expérimentation ; on s'assied puis.... ça arrive... et.... De plus les actings du protocole sont des techniques somatothérapiques. Mais un doute subsistait quant à l'accueil qui pourrait être fait à cette prétention... scientifique. Aujourd'hui, grâce aux concordances établies avec les purs processus libérés dans l'expérience de mort imminente, avec les étapes de la psychose aiguë, tous thèmes que nous développerons plus loin, avec l'inconscient de Freud et l'inconscient collectif de C.G. Jung et même les sécrétions (neuro-) hormonales, ce doute recule grandement. Plus que jamais je propose cette hypothèse exaltante de l'unité profonde de tous ces mécanismes autour de la valeur universelle de ces trois états de "pur processus" énergétique, spirituel et affectif. Et je ne veux pas me priver d'illustrer encore cette réalité avec l’enseignement que je donne depuis longtemps aux élèves : " l'affectif est sans structure, il n'a que des garde-fou ". Bien sûr, puisque l'affectif est un pur processus !
La Présence Juste est donc une démarche psychothérapique scientifique. Elle s'intègre dans la conception humaniste de la psychothérapie qui privilégie la relation, la liberté et le respect, sans négliger la méthodologie que requiert la conception médicale de notre profession.
Nous n'essayons en rien de pousser la psychothérapie du coté de la méditation prise au sens populaire du terme, trop souvent connotée de religieuse ou d'ésotérique. Encore que le cognitisme ne se gêne pas à intégrer la méditation sous son vocable anglais : mindfullness. Nous montrons seulement, et faisons découvrir, que les fonctions les plus profondes de l'esprit ne s'expérimentent que par... l'assise silencieuse.
Enfin permettons-nous de clore avec une réflexion grave et... bien nécessaire. En cet été 2002 où l'Europe Centrale, la Chine et bien d'autres régions du globe sont submergées par les eaux, au moment de la grande conférence de l'O.N.U. sur l’environnement à Johannesburg, il devient de plus en plus évident que la part '' rationnelle, intelligente, technique et capitalistique " de l'être humain est en train de détruire la planète et de... s'autodétruire. Il faudra bientôt reconnaître que le " logos " montre dangereusement ses limites, ce " verbe " dont on fait encore la panacée en certains endroits. Mais il nous reste, fort heureusement, la richesse énergétique, spirituelle et affective, à savoir l'âme, cette " Seele '" dont parlait Freud (et non pas " psyché "' comme le veut la mauvaise traduction française), le Soi de Jung, la " connexion en soi " selon notre appellation. Il nous reste le corps et l'âme, la volupté, l'aimer et la vérité qui n'émettent ni CO2 ni bombes intelligentes.
|