Introduction Les psychopathologies sont des constructions théoriques, disions-nous. Il nous faut donc commencer par étudier ces corpus théoriques. Trois livres nous aideront à réaliser cette tâche, ceux de
Evelyne Pewzner nous fait remonter deux mille cinq cents ans en arrière jusqu’à Hippocrate, évidemment. Ellenberger nous livre une impressionnante étude sur la psychiatrie dynamique – avec inconscient – de Mesmer jusqu’à Adler et Jung en passant par Janet et Freud. Enfin Ionescu fait voir la multiplicité des théories puisqu’il en décrit quatorze. Pour notre part, nous proposons, à partir de XVIIIème siècle, une séparation entre les deux lieux d’élaboration de ces psychopathologies, à savoir entre la psychiatrie et la psychothérapie. C’est avec Anton Mesmer et son « magnétisme animal » que commence la création de nouvelles théories psychopathologiques à partir de nouvelles thérapies :
Pour les psychiatres, il en va autrement. Ils héritent de la population de malades les plus gravement atteints et commencent par décrire ce qu’ils observent. Ces pathologies lourdes n’ont pas beaucoup évolué au cours de ces deux millénaires et demi – contrairement à celles que soignent les psychothérapeutes – et c’est surtout le regard porté sur ces sujets qui évolue en fonction des fondements religieux, politiques et humanitaires de la société environnante :
Et nous arrivons aujourd’hui à la situation remarquable où la corporation psychiatrique reconnaît qu’elle n’en sait pas tant que cela et se contente des descriptions athéoriques des DSM et CIM. Aussi sont-ce les grandes écoles psychothérapiques qui s’essayent à des théorisations nouvelles, depuis Mesmer et Freud évidemment. C’est la raison pour laquelle nous complétons l’abord historique proposé par Pewzner, Ellenberger et Ionescu par deux descriptions de l’état actuel des psychothérapies :
Nous y découvrons que, contrairement à la psychopathologie athéorique des psychiatres, révisée elle aussi dans le DSM IV TR, les psychothérapies, elles, se spécialisent dans des pathologies de plus en plus précises et proposent volontiers du neuf. Evoquons un seul exemple, celui de la schizophrénie déficitaire, pas trop sévère.
Ces propositions thérapeutiques se basent évidemment sur des conceptions psychopathologiques précises que nous découvrirons dans les quatre chapitres de cette première partie. Pour démarrer, nous accumulerons des données, du savoir, du matériel qui sont tellement nombreux et divers qu’ils appellent à une élaboration intégrative. C’est précisément notre tâche. Mais, auparavant, laissons-nous prendre au vertige de toutes ces informations.
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