PostfaceCe livre traite essentiellement de l’intégration des psychothérapies/psychanalyse. Il amorce l’une des finalités de cette intégration avec le couplage méthode-pathologie. Ces deux premières trames concernent autant les méthodes thérapeutiques que les théories psychologiques/psychopathologiques, l’être thérapeute « à » l’intégration et la clinique. En conclusion, il a même débordé sur le bonheur, comme élément d’un art de vivre, d’une philosophie, d’une ontosophie ou sagesse d’être.
Le troisième fil conducteur s’enchevêtre dans cette trame : l’anthropologie psychothérapique dont l’intégration est le préalable. Il s’agit là d’un deuxième décentrement, d’un deuxième recadrage, pour toutes les positions solipsistes si nuisibles pour notre science. Il se présente comme une dimension encore plus large pour « la » psychothérapie, encore plus unifiante. En effet je peux concevoir que notre modèle d’intégration puisse apparaître lui-même comme solipsiste, personnel, encore hypothétique. Après trente années de somatanalyse et de somatothérapie, je mesure l’inertie de la corporation face aux nouveautés trop prétentieuses. Soit. Mais avec l’anthropologie psychothérapique et sa reconnaissance de notre art comme fait social total, il y a une ouverture objective pour les psychothérapeutes. Un tout nouveau champ d’observation et de réflexion est à défricher.
D’un côté, il doit attirer les anthropologues dans une discipline dont ils ne doivent plus avoir peur ; les interprétations ne mordent pas et le transfert ne tue pas. Car ils ont à décentrer et à recadrer notre regard sur nous-mêmes.
De l’autre côté, les psychothérapeutes doivent allonger leur champ de vision, sortir du pré carré, s’aventurer dans l’anthropologie. La nouvelle réglementation du titre de psychothérapeute nous donne un spectacle affligeant : quatre corporations tirent la couverture à elles, les psychiatres, les psychologues, les psychanalystes et les ni-ni-ni l’un ou l’autre. Cela débouche même sur un texte anticonstitutionnel qui déroge à l’égalité des droits puisque les psychanalystes sont aussi des ni-ni !
L’anthropologie psychothérapique/psychanalytique peut susciter le consensus entre pairs, sans père.
Et puis il y a l’autre trame, la quatrième, où ça se trame grave. Notre tâche qui est de soigner et de guérir ne s’arrête plus aux seuls individus, aux bobos privés, aux tics et aux tocs. Notre tâche s’élargit au cadre de la souffrance, au cadre de vie, à l’écologie, au-delà des 9.3 et autres banlieues qui craignent.
Il s’agit d’un impératif catégorique, à la Kant. Il mérite et impose que l’on agrandisse son champ d’action. J’ai moi-même lâché mon cabinet de psychiatre pour m’élargir à la fonction de psychothérapeute ; je limite mes journées de formation pour enrichir l’écriture. Encore un cran, encore un effort, il faut aussi s’engager dans la survie de l’espèce, pour être pleinement citoyen !
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