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Chapitre 16 : L’intégralité est plus que l’addition des méthodes et théories intégrées

L’intégrité, comme effet de l’intégralité

Nous ne prétendons pas que le praticien d’une méthode systématisée, à la cohésion praxo-théorico-clinique quasi symbiotique, n’ait pas aussi un certain degré de liberté créative ni surtout qu’il ne jouisse de cette intégrité dont le terme fait sens. Mais avec les trois sauts qualitatifs évoqués, le thérapeute pléni-intégratif est évidemment catapulté d’office dans cet espace structurellement ouvert qui le désigne à l’intégrité.
Nous continuons à décliner cette racine « integer » pour en tirer le meilleur mais pour en saisir aussi les dangers (comme l’intégrisme). « Intégrité » évoque deux aspects principaux desquels nous tirerons un troisième : l’entièreté, l’honnêteté et la présence. Ces trois caractéristiques rejoignent les trois qualités que nous assignons au thérapeute/analyste depuis longtemps et que l’approche intégrative renforce : la plénarité, la positivité et la présence.
 
Entièreté et plénarité
 
L’intégrité évoque l’entièreté : ça ne s’est pas désintégré, ça a tenu le choc sans se morceler. Ça sent bon la résilience. On peut taper dessus et ça reprend sa forme d’origine. On tape aussi sur le praticien de toutes ses souffrances, de tous ses problèmes insolubles, attachements et transferts et il n’explose pas. Il se retrouve dans ce champ de liberté entre facteurs organisateurs, paramètres diagnostics et modèles holanthropiques et il ne se désintègre pas. C’est que le thérapeute pléni-intégratif n’est pas « structure » à toute épreuve mais « constitué » de l’intérieur, dynamiquement, par les purs processus inconscients. Il est plein de cette dynamique auto-organisatrice, il est plénier jusqu’à la plénitude, souffrance et doute pouvant aussi participer de cette entièreté et faire plénitude.
 
Plénitude et présence
 
Cette plénarité ne peut advenir qu’en englobant la situation du moment, l’entourage de l’instant. Cette entièreté implique nécessairement la présence. Nous accordons un intérêt majeur à cette présence, ne serait-ce qu’avec la pratique de la Présence Juste. Cette présence au patient et à l’événement nécessite un certain recul par rapport aux structures imposées et c’est ce qu’apporte ce champ de liberté créapraxique laissé ouvert entre méthode, théorie et psychopathologie.
            L’approche intégrative impose la présence de chaque instant. L’intégrité comme entièreté inclut cette présence et ne l’empêche pas. Je termine enfin le grand livre de Francine Shapiro où elle s’étale sur les études statistiques évaluant l’efficacité de son EMDR. Elle se plaint que les résultats sont de moins en moins bons. Que trouve-t-elle comme explication ? Dans les études à résultats mitigés, les praticiens n’auraient pas respecté strictement les onze étapes du protocole à présent codifié !
            Cette présence ne résulte pas d’un protocole, d’une morale ou de la déontologie professionnelle. Elle n’est pas imposée ni inculquée par la formation. Cette présence découle de l’effet d’intégralité. Elle est structurellement issue de ce saut qualitatif pléni-intégratif. Elle est partie prenante de l’intégrité.
 
Honnêteté et positivité
 
Un homme intègre est un homme honnête, droit, juste et fiable. Parce qu’il est entier et présent, il représente la réalité de la vie, de l’humanité, telle qu’elle est. Et comment est-elle donc, cette réalité, sinon souffrance et guérison, problème et solution, dés-être et plénitude ? Par définition, le thérapeute possède l’art de la guérison, de la solution et de la plénitude, ne serait-ce qu’en décelant dans la maladie le tremplin vers l’être réel et authentique. Le thérapeute intègre est positif, surtout le thérapeute intégratif qui assume l’angoisse du champ créapraxique vide et en attente. Le cynisme d’un Freud et surtout d’un Lacan peut lui-même être retourné en positivité quand on y voit une injonction paradoxale, une prescription stratégique ou une ADM (Arme de Déconstruction Massive). Mais il ne faudrait pas en faire une philosophie de vie, ce que les disciples oublient trop souvent.
 
Le saut créapraxique accule le thérapeute à l’intégrité, à savoir à un être plénier, présent et positif. C’est la structure même de la démarche pléni-intégrative qui fait franchir cette étape définitive.
 

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