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Chapitre 8 : Le modèle structuro-fonctionnel et le processus de changement

Le modèle structuro-fonctionnel : une visualisation de la généralité et de la singularité

 Schéma 5 : Le territoire somatanalytique et sa carte

 Toute nouvelle science découle de la création d'un nouveau lieu d'étude ou d'un nouvel outil d'observation. Ici ce n'est autre que la somatanalyse, ce lieu de psychothérapie analytique où le corps et le groupe viennent globaliser la personne jusque là seulement « psychique ». Le territoire est donc le cadre thérapeutique somatanalytique qui se laisse schématiser comme suit :

  • la sphère centrale représente le sujet, le patient ;

  • la sphère creuse enveloppante (tronquée) reproduit l'environnement, la réalité
    objective, à la fois psychique (en haut), sociale (au milieu) et somatique (en
    bas). Ici, c'est le cadre thérapeutique qui constitue cet environnement.

Ce territoire est animé de vie, d'une dynamique, qui se laisse représenter par un ensemble de messages (flèches arrivant de gauche sur la carte) qui traversent le sujet (a l'intérieur du cône jusqu'à sa pointe à droite) et provoquent un travail d'élaboration (représenté par les flèches verticales et diagonales) pour donner réponse à ces messages (dans la pointe du cône). Cette réponse modifie l'environnement qui, ainsi transformé, envoie de nouveaux messages : c'est la dynamique existentielle, vitale.

Les messages sont à la fois psychiques (en haut), sociaux (au milieu) et somatiques (en bas). Ils proviennent d'un territoire qui est matériel, durable et objectif. Quant aux messages, ainsi que tout ce qu'ils provoquent chez le sujet, ils ne sont qu’instantanés et vécus. Il faut bien se rappeler cette opposition : l'environnement est stable, le patient n'est représenté qu'en un vécu instantané.

Schéma 6 : La dynamique existentielle

 

  • Le sujet en ses fonctions et lieux

  •  Ce qui se passe de subjectif pour la personne n'est pas une « boîte noire » comme pour les comportements, mais un vécu différencié selon des qualités précises que nous rangeons en quatre grandes fonctions internes au sujet : intui­tion, sensation, réflexion et action.

     Schéma 7 : Fonctions, polarisations et clivages subjectifs

    Deux autres fonctions se situent à l'interface entre le sujet et son environnement : l'émotion à la réception des messages et la communication à l'émission de la réponse.

    Ces six fonctions se regroupent en deux grandes catégories, « essensielle » à gauche, « attensionnelle » à droite.

    Le mot «essentiel » se décompose en :

     

    • un préfixe, « ex », qui montre que ça « vient de » l'environnement ;

    • une racine « sens » qui renvoie autant à la sensation somatique qu'à la « signification » psychique associée ;

    • et une allusion à « l'essentiel » qui n'est pas de pure forme mais annonce une intention non cachée de donner un sens plus positif à ce qui se passe en ce lieu, parfois appelé « régressif». Mais, attention, ici essensiel s'écrit avec un «s»!

    Le mot «attensionnel» se décompose en :

     

    • un préfixe « ad » qui montre que ça « va vers » l'environnement ;

    • une racine « tensio » qui reprend le contenu de la partie somatique de cette fonction ;

    • et une allusion à « attention » qui reprend le contenu de la partie psychique de la fonction.

       

    Schéma 8 : Le modèle structuro-fonctionnel

    Les fonctions essensielle et attensionnelle sont les deux grandes fonctions qu'aborde préférentiellement la somatologie et sur lesquelles travaillent les somatothérapies. Elles sont séparées par le « clivage essensio-attensionnel » qui a les mêmes propriétés que le clivage psycho-somatique. Il est acquis et non inné, quoique reposant sur des bases biophysiologiques.

    Voilà le territoire. Envisageons à présent l'occupation de ce territoire. A un moment donné, l'individu n'occupe qu'un lieu limité de ce territoire; son vécu se circonscrit en une fonction prévalente. Nous distinguons des lieux de vie (représentés par un cercle sur la carte), des lieux de mort (représentés par un berlingot) et des lieux en suspens. Ces trois symboles désignent respectivement les lieux positifs, de plaisir, les lieux négatifs, de souffrance, et les fonctions non développées. La définition de ces différents lieux chez un individu donne le « somato-gramme » qui représente le mode de fonctionnement d'une personne à un moment donné.

    Schéma 9 : Le somato-gramme et ses lieux de vie, de mort et en suspens

    La localisation des lieux de vie ne dépend pas seulement de l'histoire de la personne, elle dépend aussi du développement de l'être humain. De la conception à l'âge adulte, le lieu de vie de base se déplace de gauche à droite en raison de la maturation de l'être.

     

    • La situation et la dynamique du moment

    •  Tout comme le sujet n'occupe à chaque moment qu'un lieu limité du territoire existentiel, il n'existe à chaque instant qu'une situation donnée qui se définit par :

       

      • un événement « essensiel » qui est constitué par l'ensemble des messages du moment : il s'inscrit dans un cône dans la mesure où le nombre des messages (nombreux à gauche) diminue sous l'effet de la structuration/attensionalisation jusqu'à ne rester qu'unique avec la réponse, dans la pointe du cône ;

      • une structuration ou attensionnement qui est constituée du travail psychique (de dissociation), corporel (de mise en tension) et social (respect de la loi de communication) qui s'accentue de gauche à droite.

      La situation est l'ensemble de ces deux phénomènes qui s'inscrivent dans un cylindre égal de gauche à droite mais dans lequel la proportion événement/structuration, essensiel/attensionnel varie du tout au tout. C'est cette différence des proportions essensiel/attensionnel qui fait la particularité du lieu de vie de chaque âge.

      Schéma 10 : La situation avec sa dynamique événementielle et le travail attensionnel

       

      • Le vécu du moment

      •  Nous pouvons enfin représenter ce vécu du moment que nous travaillons en thérapie. Ce vécu a des caractéristiques propres :

        • sa richesse est définie par une surface plus ou moins grande (lieu de vie, lieu de mort) qui est localisée précisément : ce lieu indique la nature de la fonction prévalente (émotion, intuition) et la proportion essensiel/attensionnel ;

        • l'état énergétique de ce vécu est également indiqué, diffus à gauche et concentré à droite ; sur la carte, nous pouvons lire cet état à la taille de l'ouverture du cône qui correspond à ce lieu. C'est l'attensionalisation qui concentre l'énergie et l'intensifie ;

        • la « présence » du sujet par rapport à la situation est variable. La personne peut être en situation et hors situation. Lorsqu'elle est en situation, elle peut être dans l'événement, dans l'attensionnement ou en proportion variable événement/attensionnement.

          Schéma 11 : Position du lieu de vie par rapport à l'événement et à l'attensionnement

          Cette présentation du modèle structuro-fonctionnel et sa mise en place rigoureuse (à travers le territoire, le sujet, la situation et le vécu) peut sembler aride jusqu'à présent. Mais l'utilisation que nous en ferons tout de suite pour étudier le processus de changement sera une illustration qui donne vie et cohérence à toutes ces représentations.

           

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