Chapitre 4 : La présence juste et le processus de la présence Les protocoles appliqués La "Présence Juste" comme résultat est un état d'être qui allie l'ouverture, la sensibilité, la souplesse, la disponibilité au changement, la créativité. Il facilite le processus thérapeutique et la capacité de changement. L'état de présence se prête donc à des applications spécialisées tout comme l'état sophro-liminal en sophrologie, l'hypnose légère d'Erickson, le prolongement psychotactile de l'haptonomie ou... l'état de libre association et de transfert de la psychanalyse. Voici quelques-unes de ces applications.
L'AUTO-THERAPIE ET LE BOBO CHÉRI
Durant la pratique, nous pouvons ressentir des tensions, douleurs, spasmes, symptômes divers dans le corps et même le... bobo chéri. Chacun d'entre nous a un point faible où le premier stress venu, la moindre contrariété viennent s'impacter : céphalée, digestion lourde, congestion nasale etc.... Il s'agit ici des symptômes dits "fonctionnels" auxquels on se limite pour le moment et qui nous sont souvent très "chers" parce qu'ils font diversion sinon évacuation. " Chéri, ce soir j'ai mal à la tête..." A la fin du premier cycle, voluptueusement installé dans l'énergie diffuse, on se rappelle le symptôme, on entre dedans, on ressent l'espèce de rétrécissement qui se fait alors en soi jusqu'au cœur du spasme. Puis on redonne du volume et de la circulation à cette énergie en stase :
- on étire le bobo vers le bas et le dépose au sol comme le bas du corps,
- on le prolonge vers le haut, jusqu'au plafond, en même temps que la tête et les épaules,
- on l'élargit vers l'arrière, le connecte à l'énergie de l'axe et le fait circuler dans cet axe entre sol et plafond,
- on le pousse en avant et le fait sortir par l'organe de communication correspondant,
- on en fait une sphère de plus en plus grosse, de la couleur du segment du corps concerné,
- on le fait diffuser jusqu'à ne plus le ressentir.
Le bobo a disparu, s'il est de gravité légère ; il a diminué s'il est plus coriace. Quant au bobo chéri, vieille connaissance, on peut l'éliminer après quelques semaines de soins autothérapiques quotidiens.
LA GESTION D'UNE RELATION DIFFICILE
Tout comme le bobo chéri, nous nous gardons au moins une relation difficile sous le coude. Bush a besoin de son Ben Laden. Mais elle peut tout de même nous gâcher le plaisir du deuxième cycle relationnel ! Dans ce cas, à la fin du deuxième cycle, si nous sommes en bonne énergie et presque en pur amour, nous allons chercher le trublion ou le sauvageon et... devinez ce qu'on va faire :
- le "voir",
- le "sentir",
- se "centrer", et, enfin,
- "communiquer" comme on ne l'a jamais fait jusque là : bien regarder, écouter ce qu'on n'a pas vraiment entendu, dire tout ce qu'on n'a pas osé exprimer et, peut-être même, toucher, serrer, énergétiser... Après cela, ça fera sûrement moins mal, même si ce n'est pas encore le grand amour ! Puis on retournera vers un amour actuel en faisant apparaître des êtres chers pour prendre sa dose de tendresse ;
- Ou alors on rompt définitivement cette relation.
PASSER DEVANT UN JURY D'EXAMEN
Nous sommes dans la même situation qu'avec la relation difficile. L'exercice se situe à la fin du deuxième cycle, quand on a fait le plein d'énergie et d'amour. C'est là qu'on fait apparaître le jury, que ses membres soient connus ou non, et qu'on déroule la Présence Juste :
- "voir" : non pas des projections négatives du passé – d’échecs - mais des hommes et des femmes en chair et en os qui ont une tâche bien précise : évaluer, avec un préjugé bienveillant même ;
- "sentir" : évidemment que le trac s'esquissera dans les tripes, ou que les boules gonfleront dans la gorge... mais peut-être déjà un peu moins que prévu ;
- "centrer" : en tout cas, toute cette énergie "épidermique" du devant du corps sera amenée à l'arrière, dans l'énergie de l'axe, là où je sens que je connais mon affaire, que je suis "fort", que je ne me laisse pas intimider ;
- "communiquer" : puis, venant de mon centre, je peux faire les présentations, soutenir mon sujet, écouter les remarques éventuelles sans a priori négatif, laisser venir les questions en prenant le temps de les apprécier au centre et de laisser venir les réponses de ce même centre ; je peux regarder les membres du jury à partir de mon axe et leur envoyer une énergie bienveillante...
Je peux même les aimer ou du moins avoir de la compassion pour leur boulot qui n'est évidemment pas folichon, même quand c'est moi qui passe devant eux !
LES SOINS SEXO-THERAPIQUES
Les symptômes sexuels et conjugaux sont autant de bobos chéris et de relations difficiles, parfois même des questions métaphysiques. Je me permettrai d'être succinct avec la clinique.
• Erection molle, impuissance chez l'homme, anorgasmie chez la femme
(plaisir diffus, petits orgasmes mais pas d'orgasme résolutif). Il s'agit d'un manque de focalisation de l'énergie sur la sphère sexuelle, périnéale et vaginale (le plus souvent). A la fin du cycle corporel, on fera faire l'inverse du bobo chéri, à savoir une concentration de l'énergie sur le sexe. L'important, c'est d'expérimenter alternativement les états diffusés et les états concentrés de l'énergie sexuelle, puis de s'entraîner à passer de l'un à l'autre. Le principe se comprend assez facilement. Il faut du temps et de la persévérance pour que le résultat arrive.
• Ejaculation précoce, nymphomanie
Ici il y a un excès de concentration de l'énergie sur la sphère génitale. Le pénis entre rapidement en spasme éjaculateur tellement il est déjà sous tension ; la nymphomane recherche continuellement l'assouvissement sexuel, incapable d'éprouver une tendresse douce ou un amour expansé, comme l'est l'énergie de vie en fin de premier cycle. L'entraînement se fera évidemment comme pour le " bobo chéri " à partir de la tension située dans le pénis ou le clitoris.
• Médiocrité de la satisfaction sexuelle par appréhension, doute, hésitation, inhabileté
Si les paramètres habituels de la réussite sexuelle sont satisfaits (érection, retenue de l'éjaculation, plaisir clitoridien et vaginal, accès à l'orgasme) il manque l'assurance qui permet de jouir de chaque instant - en douceur ou intensité, en pause ou mouvement, parce que tout semble instable, incertain, fragile : peur de perdre l'érection tout comme de ne pas contrôler l'éjaculation, peur de ne pas être agréable à l'autre, de ne pas faire ce qu'il faudrait, de ne pas le gratifier par un orgasme vaginal... On est là dans cet état où l'énergie investit l'avant du corps (les yeux, l'épiderme, le ventre, le seul sexe) sans se connecter avec le centre énergétique de base (ano-coccygien) et avec l'axe postérieur. Avec de tels clients, on insistera sur le déplacement de la charge énergétique vers l'arrière, sur le centrage, comme cela s'effectue au 3eme temps du deuxième cycle. On pourra aussi recommander cet exercice dans le couple, avec de simples caresses et une attention particulière à ce que le récipiendaire puisse se concentrer sur cette translation énergétique vers l'arrière et donner des indications pour faciliter l'apprentissage.
• Médiocrité de la satisfaction sexuelle liée à un(e) partenaire trop impressionnant(e)
Pour aimer, ou du moins être amoureux(se), on choisit souvent un(e) partenaire qu'on admire, qui impressionne, le prince et rien de moins. Mais, dans la sexualité, ce décalage personnel et/ou social peut déstabiliser (éjaculation précoce, anorgasmie) ou inhiber (anérèction, vaginisme). Après avoir analysé et reconnu cette réalité et lorsqu'on veut néanmoins l'assumer, il s'agit de le faire comprendre au corps et à l'âme aussi ! Un travail de gestion de cette relation difficile peut apporter son aide, avec les précisions apportées par l'entraînement au " passage devant un jury d'examen " !
APAISER L'ANGOISSE METAPHYSIQUE
Nous avons aussi quelques questions métaphysiques en suspens pour ne pas bronzer idiot. La maladie, les inégalités, l'injustice (en particulier celle qui m'est arrivée dernièrement !), la guerre, l'ignorance, et j'en passe, sans oublier l'existence ou la mort de Dieu et... l'étouffement annoncé de notre planète.
Ça fait un peu snob de l'évoquer, mais ça gâche réellement la vie ! Eh bien, ne plaisantons pas ! Nous n'aurons pas la réponse définitive ici, mais nous pouvons nous mettre dans un état de présence qui diminuera l'angoisse et rapprochera la réponse. Evidemment, nous nous mettrons d'abord en bonne énergie puis en amour avant de nous coltiner "la" question revêche qui nous ravit... notre sérénité ! On se plantera devant elle :
- comme un terrien, en "terr'être",
- on dira "non", à ce qui nous semblera complaisance personnelle,
- on osera le "oui" à ce qui apparaîtra comme les choses à faire, oui à celui qui a déjà terrassé la question avant nous, au maître, éventuellement à la foi en...
- on s'élargira aux dimensions de l'univers pour sentir de si loin si la question est encore audible...réelle !
"univ'être". SUPERVISION ET AUTOVISION
Sigmund Freud se retirait (presque) tous les soirs dans son bureau pour réfléchir aux séances de la journée et prendre des notes. Voilà un bel exemple... à suivre. Mais, comme Somatothérapeute, il n'y a pas que la réflexion intellectuelle qui doive ponctuer notre travail, il y a aussi une post-élaboration plus spécifiquement somato- pour l'assurer et l'enrichir, ce travail. La Présence Juste est l'un des moyens privilégiés. Nous l'apprenons durant les ateliers de supervision pour pouvoir l'utiliser seul chez soi en " autovision ". II s'agit de se mettre en Présence Juste et de revenir sur le travail de la journée.
Après le premier cycle, bien installé dans l'énergie diffuse et l'axe en soi, je me replonge dans telle ou telle séance et j'essaye de préciser :
- étais-je dans une " bonne énergie " avec ce patient, ou alors dans quoi d'autre et pourquoi ?
- est-ce que ce patient modifie mon état d'être énergique du départ, et dans quel sens ? en mieux ou moins bien ? quel est le message à recevoir d'une telle modification ?
- est ce que je fais tout ce que je peux pour être dans une " bonne énergie " en travaillant ? que pourrais-je faire pour cela ?
On peut consacrer cinq minutes à cette première intro-vision. Puis on se plonge dans le relationnel du deuxième cycle jusqu'à l'amour et consacre encore cinq longues minutes à retrouver les émotions et sentiments qui s'éveillent avec les patients de la journée. On s'aide du même protocole très simple :
- quels étaient l'émotion, le sentiment, l'ouverture affective dans la journée, dans le travail thérapeutique en général, et pourquoi ?
- quelles sont les modulations que provoque tel ou tel patient sur cette sensibilité de base, en plus ou moins, en mieux ou pis ? en suis-je vraiment conscient ? suis-je cohérent ?
- quels sont ces messages que je reçois là par rapport à ces relations thérapeutiques / analytique ?
- qu'ont-ils à faire avec mon projet d'alliance thérapeutique, d'empathie, de contre-transfert ?
En réalité, il ne s’agit pas de retomber dans la réflexion intellectuelle mais seulement de ressentir et de conscientiser. La référence aux qualités de " l'accordage " (alliance, empathie, transfert) est tellement basique qu'elle peut rester intuitive. Après cette deuxième autovision, on peut progresser dans le troisième cycle, ultime, spirituel, éthique. On parcourera les étapes neuf à douze jusqu'à la vérité de l'être et fera retour sur la pratique thérapeutique :
- est-ce que j'ai des valeurs qui informent mon travail, une base de travail plus large que le seul énergétique ou affectif ?
- si oui quel patient me permet de m'y référer et quel autre m'oblige à rester le nez dans le guidon, et pourquoi ?
- est-ce que la connexion à la vérité peut faire projet dans telle ou telle cure, et comment ?
Il serait évidemment incohérent de retomber dans du savoir à la fin de cette autovision. Le but ultime et idéal consiste à être dans la présence, dans la pure présence, dans cette attitude d'être qui laisse les processus se dérouler pour éveiller les ressources correspondantes et accéder à l'ordre intrinsèque.
Ces quelques exemples d'applications spécialisées - très simples - doivent montrer que "l'entrée en Présence Juste" est une attitude de base qui permet de "s'ajuster" à des situations nouvelles ou mal engagées. C'est aussi l'attitude fondamentale propice au changement, potentialisant toute psychothérapie concomitante - c'est d'ailleurs l'un de ses buts. Et, pour ne pas en rester à de la fausse modestie, j'ajouterai que la Présence Juste, telle qu'elle est définie à travers le protocole, est l'attitude fondamentale dans la vie. Plus je pratique personnellement, plus j'expérimente la réalité de cette chose, plus je me rends compte que c'est la bonne attitude. Je peux ajouter que j'ai fait plus de progrès avec la Présence Juste qu'avec le travail émotionnel et même l'analyse individuelle. Mais on ne rencontre la bonne pratique - tout comme le bon thérapeute - que lorsqu'on est prêt !
Il nous reste à envisager deux faits importants pour faire le tour de cette présentation très pratique de la Présence Juste : l'évolution personnelle lors d'une utilisation régulière et l'organisation de son enseignement à des patients.
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